Christian Horner, directeur de lâĂ©quipe Red Bull, a vivement critiquĂ© le prĂ©sident de la FIA, Mohammed Ben Sulayem (MBS), avertissant que son leadership et les changements de rĂšglement proposĂ©s pourraient plonger la Formule 1 dans le chaos. Dans un discours prononcĂ© avant le Grand Prix dâĂmilie-Romagne le 18 mai 2025, Horner a qualifiĂ© la gestion de MBS de « trop extrĂȘme » et a prĂ©dit de « terribles » problĂšmes si la FIA poursuit sur sa lancĂ©e. Ses commentaires, relayĂ©s par un mĂ©contentement croissant dans le paddock, ont conduit Ă des appels Ă la dĂ©mission de MBS, alors que le sport est aux prises avec des controverses de gouvernance et des rĂ©glementations conflictuelles.

Les critiques de Horner portent sur la volontĂ© de MBS de modifier radicalement le rĂšglement, notamment la proposition de rĂ©introduction des moteurs V10 alimentĂ©s par des carburants durables en 2026. Si Horner a initialement soutenu lâidĂ©e, saluant son charme nostalgique, il met dĂ©sormais en garde contre son caractĂšre peu pratique. « Le concept du V10 semble prometteur, mais câest un cauchemar logistique », a-t-il dĂ©clarĂ© Ă Sky Sports Ă BahreĂŻn. « Il risque de compromettre les objectifs de neutralitĂ© carbone de la Formule 1 et dâaugmenter les coĂ»ts Ă un moment oĂč les Ă©quipes sont dĂ©jĂ trĂšs occupĂ©es. » Il soutient que lâaccent mis par la FIA sur des changements aussi radicaux ignore les dĂ©fis pratiques tels que les dĂ©lais de dĂ©veloppement des moteurs et la compatibilitĂ© avec les chĂąssis existants. Les simulations de Red Bull, a-t-il notĂ©, montrent que les moteurs pourraient compromettre la qualitĂ© en course, crĂ©ant « des voitures incapables de courir correctement ».

Au-delĂ du rĂšglement moteur, Horner a Ă©galement critiquĂ© le style de gouvernance plus large de MBS. Depuis sa prise de fonction en dĂ©cembre 2021, MBS a traversĂ© une pĂ©riode mouvementĂ©e, marquĂ©e par des dĂ©missions de personnalitĂ©s et des allĂ©gations dâabus de pouvoir. Les dĂ©parts du vice-prĂ©sident des sports Robert Reid en avril 2025, qui a Ă©voquĂ© une « crise de gouvernance », et de lâancienne PDG Natalie Robyn, qui a Ă©voquĂ© de « graves dĂ©fis structurels », ont soulignĂ© lâinstabilitĂ© de la FIA. Horner a fait Ă©cho Ă ces prĂ©occupations en dĂ©clarant : « La FIA a besoin de stabilitĂ©, et non de dĂ©cisions extrĂȘmes qui aliĂšnent les Ă©quipes et les pilotes. » Il a soulignĂ© que les mesures sĂ©vĂšres de MBS concernant le comportement des pilotes â les amendes infligĂ©es Ă Max Verstappen et Charles Leclerc pour jurons â sont un exemple de prioritĂ©s mal placĂ©es. « Il est absurde de punir les pilotes pour leur passion tout en ignorant une gestion incohĂ©rente », a-t-il dĂ©clarĂ©.

La frustration dans le paddock est palpable. Une pĂ©tition Change.org de 2024, signĂ©e par des milliers de personnes, accusait MBS de porter atteinte Ă lâintĂ©gritĂ© de la Formule 1 par des « interprĂ©tations alternatives » du rĂšglement, permettant aux Ă©quipes dâexploiter les failles du systĂšme. La Grand Prix Driversâ Association a critiquĂ© son approche des amendes sous serment, tandis que David Richards, de Motorsport UK, accusait MBS de « rĂ©duire au silence » les officiels. Horner a fait allusion Ă ces tensions : « Lorsque des dirigeants dĂ©missionnent et que des pilotes sâunissent contre vous, câest le signe que les choses ne vont pas. » Il a Ă©galement soulignĂ© lâimpasse des dispositions de gouvernance des accords Concorde, jugeant « inhabituel » que seules les clauses commerciales aient Ă©tĂ© finalisĂ©es, laissant les Ă©quipes dans lâincertitude.
Le mandat de MBS a Ă©tĂ© entachĂ© de controverses. En 2023, il a Ă©tĂ© accusĂ© dâingĂ©rence dans le Grand Prix dâArabie saoudite en annulant une pĂ©nalitĂ© infligĂ©e Ă Fernando Alonso et en tentant de bloquer la certification du circuit de Las Vegas. Bien quâil ait Ă©tĂ© blanchi par le comitĂ© dâĂ©thique de la FIA, ces incidents ont alimentĂ© des soupçons de favoritisme. Ses modifications du rĂšglement de 2024, qui ont accru les sanctions pour « atteinte morale » Ă la FIA, ont Ă©tĂ© critiquĂ©es comme autoritaires, Horner avertissant quâelles « risquent dâĂ©touffer la libertĂ© dâexpression et la concurrence ». Des publications sur X ont reflĂ©tĂ© lâindignation des fans, un utilisateur Ă©crivant : « MBS transforme la Formule 1 en dictature. DĂ©missionnez immĂ©diatement ! »
MalgrĂ© les rĂ©actions nĂ©gatives, MBS nâa pas de concurrent direct pour sa campagne de réélection en 2025, un fait que Horner trouve inquiĂ©tant. « Le sport mĂ©rite mieux quâun pouvoir incontrĂŽlĂ© », a-t-il dĂ©clarĂ©, exhortant lâAssemblĂ©e gĂ©nĂ©rale de la FIA Ă reconsidĂ©rer son soutien. Il a comparĂ© les turbulences au sein de la FIA Ă la croissance de la direction de la Formule 1 sous Stefano Domenicali, dont la prolongation de contrat a Ă©tĂ© largement saluĂ©e. « La Formule 1 est florissante, mais le chaos au sein de la FIA menace de faire sombrer lâorganisation », a averti Horner, invoquant la nĂ©cessitĂ© dâune direction cohĂ©rente et dâune gouvernance transparente.
Ă lâapproche dâImola, lâattention devrait se porter sur la lutte pour la suprĂ©matie entre Lando Norris (McLaren) et Verstappen (Red Bull). Pourtant, lâombre de MBS plane. Lâappel au changement sans dĂ©tour de Horner rĂ©sonne dans un paddock las des controverses. « Nous avons besoin dâun prĂ©sident qui rassemble, pas qui divise », a-t-il conclu. On ne sait pas encore si MBS tiendra compte des voix de plus en plus nombreuses rĂ©clamant sa dĂ©mission, mais lâavertissement de Horner est clair : sans rĂ©forme, lâĂąge dâor de la Formule 1 pourrait ĂȘtre compromis par une gouvernance dĂ©faillante. Lâavenir de la discipline est en jeu et Imola pourrait marquer un tournant dans la bataille pour son Ăąme.