La pendaison, l’éventration et l’écartèlement comptaient parmi les formes d’exécution les plus cruelles et les plus sévères de l’Europe médiévale et du début de l’époque moderne, notamment en Angleterre. Mentionnée pour la première fois au XIIIe siècle, cette méthode de châtiment fut officialisée comme sanction légale pour haute trahison en Angleterre par la loi sur la trahison de 1351. L’extrême brutalité de ce châtiment visait à dissuader les traîtres, à instiller la peur et à garantir l’obéissance à la Couronne. Malgré sa sévérité, elle fut utilisée pendant plus de cinq siècles, et de nombreuses personnes subirent ses horreurs. Cet article propose une analyse complète du contexte historique, de la procédure, des cas marquants et de la signification culturelle de cette méthode d’exécution, étayée par des sources primaires et secondaires.

Contexte historique
Livres d’histoire médiévale
La pratique de la pendaison, de l’éventration et de l’écartèlement est apparue à une époque où la haute trahison était considérée comme l’un des crimes les plus graves contre l’État. Dans l’Angleterre médiévale, la haute trahison incluait des actes tels que comploter contre le monarque, aider les ennemis de la couronne ou tenter de renverser le gouvernement. La loi sur la trahison de 1351, adoptée sous le règne d’Édouard III, codifia ce châtiment afin de garantir aux traîtres à la couronne un sort si horrible qu’il dissuadait d’autres de commettre des actes similaires. Selon l’historien Frederic William Maitland, cette loi répondait au besoin d’une punition standardisée pour la trahison et reflétait la volonté de la couronne de maintenir son autorité absolue (Maitland, 1908).

Ce châtiment était non seulement courant en Angleterre, mais il y était aussi appliqué avec la plus grande rigueur. Des pratiques similaires existaient également en France, comme en témoignent les illustrations historiques d’artistes tels que Loyset Liédet, qui représentent des prisonniers subissant des exécutions tout aussi douloureuses (Liédet, XVe siècle, Wikimedia Commons). Cependant, l’application systématique de cette méthode en Angleterre, notamment dans les affaires très médiatisées, en a fait une caractéristique du système judiciaire anglais au Moyen Âge et au début de l’époque moderne.
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Le processus d’exécution
La pendaison, l’éventration et l’écartèlement étaient délibérément prolongés et atroces afin de maximiser les souffrances et d’offrir un spectacle public. Le processus peut être divisé en plusieurs phases, chacune contribuant à l’horreur générale du châtiment :
1. Déplacez-vous vers le lieu d’exécution

Le condamné était attaché à une planche de bois ou à une claie, puis traîné par un cheval jusqu’au lieu de l’exécution, souvent à travers les rues d’une ville comme Londres. Cette exécution publique servait à humilier le prisonnier et à faire comprendre à la foule la gravité de son crime. Selon des récits contemporains, comme les Chroniques de Londres (XIVe siècle), le voyage était intentionnellement pénible, provoquant des souffrances physiques et une humiliation publique avant même le début de l’exécution.
2. Suspension lente
Contrairement à la méthode de pendaison dite « à la chute », qui consistait à briser le cou pour assurer une mort rapide, cette pendaison était délibérément pratiquée lentement. Le prisonnier était hissé par une corde autour du cou et lentement étranglé. Ce procédé causait d’intenses souffrances : la corde lui serrait la gorge, déchirait la peau et empêchait la victime de respirer sans pour autant la tuer immédiatement. Des documents historiques montrent que certains prisonniers, comme Guy Fawkes en 1606, parvinrent à hâter leur mort en sautant du gibet, se brisant ainsi le cou (Fraser, 1996). Fawkes, personnage clé de la Conspiration des Poudres, fut l’un des rares chanceux à échapper aux étapes ultérieures du châtiment.
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3. Éviscération (Éviscération)
Si le prisonnier survivait à la pendaison, il était tranché vif et éventré. Le bourreau lui ouvrait l’abdomen, souvent devant des spectateurs, et en retirait les entrailles et autres organes. Dans certains cas, les parties génitales étaient également mutilées, accentuant encore la déshumanisation de la victime. Selon les Annales d’Angleterre de John Stow (1592), les organes étaient parfois brûlés devant le prisonnier encore conscient, aggravant encore ses souffrances. Ce procédé était non seulement physiquement douloureux, mais aussi symboliquement significatif, représentant la destruction du corps et de l’identité du traître.

4. Hébergement et exposition
Après la mort, le corps était écartelé et les morceaux étaient distribués dans des lieux importants du pays en guise d’avertissement. La tête était souvent transportée à la Tour de Londres, où elle était empalée sur une pique et exposée sur les remparts de la ville. Comme le soulignent des récits historiques, tels que les Chroniques de Raphael Holinshed ( 1577), cette coutume visait à « tourner en dérision Londres » et à rappeler avec force les conséquences de la trahison. L’exposition de morceaux de corps était une pratique courante lors des exécutions pour trahison, renforçant l’autorité de la Couronne et dissuadant les rebelles potentiels.
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Cas notables
Plusieurs personnalités ont été soumises à ce châtiment, démontrant qu’il est utilisé comme instrument de contrôle politique. Voici quelques exemples notables :
William Wallace (1305) : Chevalier écossais et chef de la Première Guerre d’indépendance écossaise, il fut exécuté à Londres pour trahison envers Édouard Ier. Son exécution, telle que rapportée par les chroniqueurs contemporains, suivit le processus complet de pendaison, d’éventration et d’écartèlement. Les parties de son corps furent exposées dans toute l’Angleterre et l’Écosse afin de décourager toute nouvelle rébellion (Barrow, 2005).
Guy Fawkes (1606) : Sans doute la victime la plus célèbre, Fawkes participa à la Conspiration des Poudres, une tentative de faire exploser le Parlement. Son saut du gibet lui épargna le pire châtiment, mais son corps fut écartelé et exposé (Fraser, 1996).
Hugues Despenser le Jeune (1326) : Despenser, favori d’Édouard II, fut exécuté pour trahison dans un contexte de troubles politiques. Son exécution fut particulièrement brutale, et les récits contemporains décrivent l’enthousiasme de la foule face à ses souffrances (Prestwich, 2003).
Ces cas soulignent le rôle de la punition dans la répression de la dissidence et le renforcement de l’autorité royale, même si elle n’a pas réussi à éradiquer complètement la trahison.
Importance culturelle et politique
La pratique de la pendaison, de l’éventration et de l’écartèlement était plus que de simples méthodes d’exécution ; c’était un spectacle soigneusement orchestré destiné à renforcer le pouvoir de l’État. En annonçant publiquement le châtiment, la Couronne garantissait que les conséquences de la trahison soient visibles pour tous, créant ainsi une culture de peur et d’obéissance. Comme l’explique l’historien Michel Foucault dans Surveiller et punir (1975), ces châtiments ne visaient pas seulement à éliminer l’individu, mais aussi à démontrer le contrôle absolu de l’État sur la vie et la mort.

Le châtiment avait également un impact psychologique, tant sur le condamné que sur les témoins. Les souffrances prolongées et les mutilations visaient à déshumaniser le traître, à le dépouiller de sa dignité et à le réduire à un simple moyen de dissuasion. L’exposition de parties du corps dans l’espace public renforçait encore ce message, comme le décrivent les Chroniques de Holinshed , où les têtes des traîtres sur les murs de Londres sont décrites comme un rappel constant de la vigilance de la Couronne.
La fin de la pendaison, de l’éventration et de l’écartèlement au XIXe siècle
Bien que la pendaison, l’éventration et l’écartèlement puissent sembler une méthode d’exécution médiévale, ils furent pratiqués jusqu’aux XVIIIe et XIXe siècles. En 1798, le prêtre irlandais James Coigley fut l’un des derniers hommes exécutés de cette façon au XVIIIe siècle pour avoir « prêché » la mort du roi et soutenu les Français.
Domaine publicL’exécution en 1684 de Thomas Armstrong, un homme politique anglais reconnu coupable de haute trahison et pendu, éventré et écartelé.
Son verdict stipulait : « Le prisonnier doit être conduit du siège du juge à la prison, puis au lieu d’exécution. Là, il doit être pendu, mais seulement après sa mort. Il doit être abattu vivant, puis son cœur et ses entrailles doivent être prélevés et brûlés sous ses yeux. Sa tête doit être séparée de son corps et son corps coupé en quatre. »
Au XIXe siècle, de telles exécutions se poursuivirent, mais les victimes n’étaient plus éventrées. D’autres parties de l’exécution revêtirent un caractère symbolique, comme celle de l’Irlandais Edward Marcus Despard et de ses six complices – condamnés à mort pour avoir fomenté une tentative d’assassinat contre le roi George III – qui furent symboliquement « promenés » dans la cour de la prison avant d’être pendus et décapités.
À partir de ce moment, la plupart des condamnés furent pendus et décapités (et non plus écartelés). Et lorsque la sentence définitive de pendaison, écartelée et pendaison fut prononcée en 1867, elle ne fut pas exécutée. Trois ans plus tard, cette méthode d’exécution fut abolie par la loi de confiscation de 1870.
Néanmoins, l’histoire de la pendaison, de l’éventration et de l’écartèlement a laissé des traces. Elle a non seulement fait d’hommes comme William Wallace des martyrs, mais a aussi démontré la cruauté de l’esprit humain. Pendant des siècles, exécuter des criminels ne suffisait pas. Les dirigeants anglais souhaitaient voir leurs ennemis mourir de la manière la plus horrible, la plus douloureuse et la plus humiliante possible, et ils l’ont fait pendant des siècles, du XIVe au XIXe siècle.
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Déclin et abolition
À la fin du XVIIIe siècle, l’opinion publique commença à s’opposer à ces châtiments brutaux. Les Lumières apportèrent de nouvelles idées de justice et d’humanité et suscitèrent des appels à des formes d’exécution plus « civilisées ». La pratique de la pendaison, de l’éventration et de l’écartèlement fut progressivement abolie ; le dernier cas documenté remonte à 1803. La loi sur la trahison de 1814 abolit officiellement cette pratique et la remplaça par une simple pendaison, parfois suivie d’une décapitation et d’un écartèlement posthumes. En 1870, même ces vestiges avaient été abolis, marquant la fin de l’un des châtiments les plus tristement célèbres d’Angleterre.
Diplôme
La pendaison, l’éventration et l’écartèlement témoignent cruellement de la brutalité de la justice médiévale et moderne. Instaurée en 1351 comme châtiment pour haute trahison, sa terreur pure et dure visait à dissuader la rébellion. Si elle a réussi à mettre en scène le pouvoir royal, elle n’a pas aboli la trahison, comme en témoignent les nombreuses personnes qui ont subi ce sort au fil des siècles. Des récits historiques tels que ceux de Stow, Holinshed et d’érudits contemporains comme Maitland et Foucault nous éclairent sur les mécanismes de ce châtiment et sur son rôle dans l’élaboration des récits politiques et culturels. Bien qu’abolie au XIXe siècle, son héritage perdure comme un symbole des extrêmes auxquels les sociétés ont eu recours pour maintenir l’ordre.